Un opéra de Mozart filmé par le très shakespearien Branagh ? Un conte ou le hérault, bien accompagné et aidé de quelques objets magiques, se voit offrir la mission de délivrer une belle princesse -et future épouse- des griffes d'un homme mauvais... mais tout n'est pas aussi limpide que ça... Branagh évite de filmer cette oeuvre pointue aussi froidement que l'on pouvait l'imaginer (sans gros plans ni mouvements de caméra, laissant le champ libre aux acteurs... et le spectateur de côté !) osant même de fabuleuses trouvailles de fort bel aloi (la première scène en plan séquence, des close ups sur les bouches chantantes...etc). Le scénario n'hésite pas à inclure humour et dialogues plus conventionnels, afin de laisser respirer un spectateur pas forcément aguerri à ce type de programme. Après, s'il faut aimer cet art pour adhérer totalement au film, on peut le voir comme une comédie musicale, très bien mise en scène, joliment interprétée, soignée en tout point, brodant sur de grands thèmes (pacifisme, tolérance...) et, surtout, évitant le manichéisme des contes usuels : le méchant en sauveur de l'humanité, la gentille reine pas forcément si gentille ; le spectateur, troublé, est en proie à un doute, cherchant ses repères au sein d'un récit d'une très grande modernité si l'on en juge par la conventionnalité des oeuvres soit-disant contemporaines où tout est noir ou blanc, où le spectateur s'assoupi à suivre un récit couru d'avance. Surprenant si l'on est un peu curieux !