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L'exorcisme d'Emily Rose

Scott DERRICKSON
(15-16)

Un exorcisme tourne mal, la victime meurt, un procès débute... Voici un nouvel angle d'approche pour un genre sclérosé par la médiocrité. Un film aussi sombre et humide qu'un matin d'hiver, des dialogues qui ne sonnent jamais faux, des scènes qui "rappellent" mais savent se démarquer intelligemment, une oeuvre appartenant au genre "épouvante", en tout les cas qui en possède les effets mais qui en refuse les structures contemplatives et faussement ésotériques. Premièrement parce que c'est une première oeuvre très habilement mise en scène (peut-être un peu trop mis en scène parfois, comme il est de coutume dans le genre...), ensuite parce que l'on assiste à la mise en abîme de deux genres pour ainsi dire antinomiques, une confrontation savoureuse, brillante et fort excitante : le réalisme presque froid du procès mettant en exergüe les scènes horrifiques, les justifiant de façon effrayante et réaliste. Et puis l'interprétation y est absolument fabuleuse : on ressent sans peine une vive émotion pour la détresse du personnage, on se met à sa place de victime et on tremble pour elle de son impuissance. Une oeuvre nouvelle, fraiche, qui distille une véritable peur de cinéma, dépassant la frontière entre fantastique (l'existence de démons catholiques) et réalité (la maladie supposée, très pratique comme explication à ce que l'on ne peut comprendre par de simples équations), qui discute sur la croyance et la science, la limite imperceptible entre réalité tangible et fantasmagorie... qui discute tout simplement de cinéma fantastique.