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Eden Lake

James WATKINS
(15-16)

Eden Lake participe-t-il à la tendance actuelle qui se propose de confronter une ou deux personnes, seulement et en opposition au slasher, à la barbarie humaine ? Après Funny games U.S., The strangers, A l'intérieur ou Ils... Le film de James Watkins va apparemment au-delà de tout ces films : s'il prend un tremplin effectivement réaliste (un couple effectuant du camping sauvage), il ôte vite toutes les béquilles dramatiques qui ont fait la -sâle- réputation du genre. Partant d'un incident insignifiant à l'échelle humaine, le scénario montre une évolution déterminée, graduée et implacable, peut-être un peu mécanique, dans un contexte qui rappelera "Délivrance", mais avec le propos du chef-d'oeuvre horrifico-réaliste qu'est La dernière maison sur la gauche. Mais ici se n'est pas le côté poisseux qui intéresse les auteurs du script, plutôt le constat pessimiste d'une espèce humaine livrée à elle-même où les pires ennemis de l'homme s'avèrent être... de simples enfants ! Et c'est sans doute cela qui met vraiment mal à l'aise dans ce film : la pervertion extrême de l'innocence, pervertion plutôt masculine d'ailleurs (la fille ne participe pas, elle n'est qu'un témoin muet), qui, comme le film de Craven, se terminera par le thème de la vengeance... oui, mais pas la vengeance exultoire, cette vengeance là est en droite continuité avec le cauchemar de ceux que l'on ne peut même plus appeler "héros", un cauchemar immoral jusqu'au bout. Parfois poussif, laissant quelques questions en suspens, ce film est abominablement douloureux, aussi cruel que l'on peut l'imaginer et sur le fil tendu de l'excès nuisible au fonctionnement de l'oeuvre. Un cauchemar sans morale qui laissera forcément des traces...