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Le congrès

Ari FOLMAN
(12)

Deux films en un ? Une actrice finie se voit offrir une ultime offre pour voir sa carrière perdurer... L'envers du décor de la puissante et libérale Hollywood à travers le prisme d'une actrice vieillissante (sic !), sublimement incarnée par une Robin Wright qui met beaucoup d'elle dans le rôle, et à travers les yeux avides d'une très probable Miramount, petite bâtarde de Miramax et Paramount. Le film dénonce l'industrie du film en tant que machinerie écrasante qui recherche moins le talent que l'image d'un acteur ($$$), film lucide, drôle et cruel qui développe brillamment ses personnages et semble leur tendre un miroir en même temps qu'il développe une réflexion extrêmement poussée, et réellement passionnante, sur le futur du 7ème art, vampire numérique où les acteurs sont vidés de leur essence (improvisation, conscience, émotion, réactivité, liberté... passent à la trappe) et les idées sont bouffées par la haute technologie. Même si le propos peut également paraître naïf dans la mesure où l'on peut très bien envisager que cette technologie soit également bien usitée, telle un simple outil, une technique supplémentaire pour donner vie à la créativité des artistes ; mais nous sommes dans un film de SF. Le congrès est tellement non consensuel que le passage au cartoon, insensé, paraît trop abrupt, brusque, étendant artificiellement son sujet au monde et à son humanité, dans un principe d'utopie mal digéré : on se retrouve dans un monde trop psyché, emprunt de "Yellow submarine", empli de personnes dématérialisés dans un trip philosophique brouillon. Ceci finit par noyer le propos même de l'oeuvre, accentuant un côté bordélique où même les clins d'oeil (Dr Folamour, Cruise et tant d'autres) ne parviennent pas à lui donner un semblant d'unité, comme s'il y avait eu moyen de faire plusieurs films avec cette histoire incroyablement et extraordinairement ambitieuse. C'est peut-être là que le bas blesse : le film va sans doute trop loin pour moins de deux heures de temps, l'exploitation de son scénario n'est pas vraiment heureuse, celui-ci s'emmêlant les pinceaux avec les histoires d'Hollywood, de l'actrice, du fils, de la fille, la love story, les passages entre les pensées, le réel, le futur et les rêves ; le titre qui se focalise sur le décor est à mon avis très symptomatique de ce problème. Emotion, intelligence, pour ne pas dire philosophie, et poésie restent la toile de fond du nouveau film de l'auteur de "Valse avec Bachir", mais le côté flashy dénote et le scénario aurait mérité d'être plus limpide et concentré sur un seul aspect du sujet. La réalisation est fine et symbolique.