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Balada triste
Détails du film sur InCiné

Alex DE LA IGLESIA
(12)

Le générique annonce la couleur : des monstres en tout genre, ceux du cinéma, ceux de la politique, qui nous amènent à une intro guerrière où la bétise du conflit est concentrée en deux petites minutes très violentes et complètement ubuesques. De La Iglesia n'a pas changé de ton après toutes ces années de cinéma : il reste décalé, sombre, extraverti, attaché à des personnages tordus et extrêmes dans leur façon de réagir à la vie. Les images sont tristes, grises, noires et blanches et rouges, esthétisantes. D'inspiration fellinienne -on pensera forcément à La strada et à A. Quinn- le film est une longue balade au rythme changeant, à l'histoire d'amour étrange et folle, violente de bout en bout et dramatique, les personnages sont forts (le clown joyeux et brutal, le clown triste, amoureux qui perd les pédales, la trapèziste au coeur mou). Un mélange multiple d'influences concentré dans un bordel déprimant et sauvage (on reconnaitra un détournement des Chasses de Zaroff), anti-franquiste, qui nous présente le monde du cirque comme un bocal de personnalités ambigues, un carcan étouffant et noir où il n'y a pas de héros : la femme n'écoute pas son coeur et déclenche la violence autour d'elle, les clowns se transforment en freaks à l'opposé de ceux de T. Browning, le trauma du clown triste se métamorphose en explosion de sang et de meurtres gratuits ; le clown est à la fois celui qui fait rire et celui qui fait peur puisqu'on ne sait trop se qui se cache derrière son maquillage. Le final est forcément le pic de la tragédie : on pense cette fois au Fantôme de l'opéra ; brûlant, fort et extrêmement touchant. Reste à se fondre dans cet univers très spécial, rebutant de prime abord, chaotique et à mille lieues du cinmé traditionnel. Inégal mais fortement intéressant.