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EDITORIAL de DECEMBRE 2004

Je voulais faire un point sur la censure aux USA, tout d'abord parce que peu de gens en connaissent les rouages et, ensuite, pour tordre le cou aux idées reçues à propos d'un pays que l'on croit faussement connaître.. La fameuse MPAA (Motion Picture Association of America) serait, pour beaucoup, la Grande Inquisitrice qui brûle la liberté d'expression des artistes américains. Et c'est pas franchement vrai !
On connaît le système de classement français : "Interdit au moins de 12 ans" ou "Interdit au moins de 16 ans" (et, rarement "Interdit au moins de 18 ans"... en général le film est carrément interdit d'écran !). Si ce classement a le mérite d'être simple et clair, il n'en reste pas moins extrèmement carré et froid ! Car, finallement, personne ne comprend ou ne sait pourquoi ces films sont interdits à une certaine catégorie de personnes ; et nous de devoir suivre gentillement sans sourciller, sachant que dans ce pays nous ne sommes pas à même de pouvoir juger. Et puis quoi encore !
La censure américaine, quant à elle, est d'une part beaucoup plus étendue (mais on le verra plus loin) et d'autre part, c'est à mon avis le plus intéressant, plus précise, car toutes interdictions s'accompagnent d'une explication indicative, du genre : "R for mature thematic element, disturbing images and brief language" ou "R for strong violence and sensuality, drug use" - le premier pour The hours et le second pour Basic instinct. Je reste persuadé que, si censure il doit y avoir, elle se doit d'être avant tout informative et prendre le spectateur pour un citoyen responsable ; en tant qu'éducateur je peux vous dire que si vous interdisez quoique ce soit à quelqu'un sans lui fournir la moindre explication quant aux raisons de cet acte (et donc de lui permettre de discuter la règle) votre mission éducative se transforme en mission purement et bêtement répressive, forcément vouée à l'échec (tu m'étonnes !). Donc, la censure U.S. a tout d'abord un rôle explicatif basé sur le contenu de l'oeuvre et ces implications d'ordre moral. Mais ce n'est pas tout. Avant toute chose il faut savoir que le classement dévoilé ci-dessous n'est en rien une loi -et ça c'est important- et que rien n'oblige un distributeur à passer par là pour sortir son film... On en appelle plus à la responsabilité de chacun ; aux USA on parle plus souvent de socialisation que d'éducation
Regardons de plus près ces interdictions, classées ainsi :
- NC-17 (ou No Children under 17) : le film est strictement interdit au moins de 17 ans ; c'est une mesure rarement employée car les producteurs qui, généralement, préfèrent remonter le film afin qu'il sorte sur un nombre correct de salle et ne devienne pas un suicide financier. Seulement 8 films sont sortis avec un NC-17 depuis 2000, l'un des derniers étant Innocent, the dreamers, de Bertolucci.
- R (ou Restricted) le film est interdit au enfant de moins de 17 ans NON ACCOMPAGNE. En clair : c'est au parent -d'après le texte explicatif que j'évoquais plus haut- de décider si leur progéniture est à même de pouvoir regarder le film en question. La censure en appelle à la RESPONSABILITE de chacun. Seed of Chucky, a été classé R.
- PG-13 (ou Parental Guidance for children under 13) : le film est autorisé à tout les publics mais avec un avertissement car certaines scènes sont à même de heurter la sensibilité des plus jeunes. Alien Vs Predator s'est vu attribué un PG-13 (en France il est sorti avec le même type d'avertissement... mais très évasif sur le pourquoi du comment).
- PG (ou Parental guidance) : le film est tout public bien que les plus petits puissent être choqués par certains éléments ; une nouvelle fois on fait appel à la responsabilité des parents et, à mon avis, c'est ce que l'on peut faire de mieux... même si tout adulte n'est pas forcément responsable. Bob l'éponge -à cause de certains mots- à écoper d'un PG.
- G (General audience) : le film est tout public, comme Le pôle express.
- No rated ; une petite subtilité du système américain : comme je le disais plus haut, le film est autorisé à ne pas être vu par la MPAA et à sortir sans classement... mais il ne sera pas diffusé sur beaucoup d'écrans, dans quelques villes (New York et Los Angeles en général) et dans des cinés que l'on pourrait appellés "art et essai". Ce fut le cas pour "Baise-moi" !
Vous avez remarqué ? Aucune interdiction stricte aux spectateurs de moins de 13 ans (la MPAA en appelle directement au fameux "R", d'où l'impression d'être plus sévère envers les oeuvres...) ; voilà la grosse faille du système : en France on a trouvé un juste milieu avec l'interdiction aux moins de 12 ans.

J'en vois déjà qui me disent : "Eh, oh ! Tout n'est pas parfait aux States !". Non, bien sûr : mais il n'empêche que Baise-moi est sorti en version intégrale et que, théoriquement, n'importe qui peut voir un film classé "R"... s'il est accompagné (ce qui n'est pas très difficile !). Difficile d'imaginer ça en France. Pourtant il faut bien dire que la MPAA a la réputation, pas toujours usurpée cette fois, d'être assez rigide quant aux contenus, sexuels bien souvent, des films. Une simple question culturelle que l'on peut difficilement juger : c'est un peu comme au Japon où la censure interdit formellement de montrer des poils pubiens au cinéma. Voilà pourquoi des films tel que Monsieur Schmidt, tout public en France, a été classé "R" aux USA, à cause de la scène où Cathy Bates est nue (ça fait un peu peur, faut bien le dire ! Non, je déconne !).
N'étant pas farouchement pour une quelconque forme de censure, je campe sur mes positions : aux Etat-Unis la MPAA en appelle à l'intelligence du public et se veut moins "stricte" que le système frenchie ; Sarko ferait mieux d'importer celà plutôt que les bétises qui ont conduit le Nouveau Continent à une faillite sociale dont nous ne sommes plus très loin !