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EDITORIAL de juin 2013 Un petit édito léger, juste avant les vacances et dans l'attente d'un rayon de soleil. Je vais évoquer le mot "Monstre" ou "Monster" dans les titres de films et à travers l'histoire du 7ème art. Débutons par une petite définition classique : "Un monstre est un individu ou une créature dont l'apparence, voire le comportement, surprend par son écart avec les normes d'une société." D'un côté plus étymologique ce mot vient du latin, Monstrum, qui veut dire "montrer", le mot possède à la fois la signification de "prodige" ou "miracle" et celle de "être fantastique". C'est une créature qui fait montre d'une différence, que ce soit par sa laideur, sa taille, ses capacités ou sa nature. Alors demandons-nous ce qu'il peut bien se cacher derrière tous les titres ou apparaît ce mot ? Et bien des choses aussi différentes que variées... différentes catégories de bestioles aux origines diverses. N.B. : J'ai une nouvelle fois supprimé tous les liens afin de faciliter la lecture de l'article. Avant de rentrer de plein fouet dans ces dites catégories, voyons le côté historique de la chose. Difficile de trouver des monstres dans un titre de film avant les années 50 au cinéma : Le monstre de Londres (Werewolf in London) date de 1937, le titre français laissant ici supposer qu'il représente, à l'époque, l'inconnu ; les loups-garous n'ayant pas encore été popularisés en nos contrées gauloises, où alors le titreur français n'a pas voulu recycler le fameux Loup-garou de 1913. C'est un peu le même problème avec Le monstre au filles en 1961 (Lycanthropus). Mais alors quel est donc le plus vieux intitulé "monstre" de l'histoire ? Serait-ce Le monstre, sorti en 1925, avec L. Chaney : le monstre étant ici un être humain fou ? Non : en 1919 sortait un mystérieux Green-eyed monster ; sachant que le titre fait référence, en anglais, à une personne jalouse plutôt qu'à un véritable monstre ! - Les monstres sont parfois de simples enfants, mot plutôt doux qui évoque leur conception toute particulière de la sagesse ! On n'en trouve dans Un petit monstre avec Serrault et Junior le terrible se nomme "Le petit monstre" au Québec ! Les enfants de De si gentils petits... monstres sont quant à eux transformé en... zombies ! Histoire de faire une transition avec la prochaine catégorie. - Et puis il y a les fameux monstres classiques du répertoire fantastique : on les retrouve dans Monster squad (avec Dracula et Cie), Le club des monstres ou encore Godzila king of monster, dont le titre est sans ambiguïté. - Ce qui est trop gros pour être un animal normal, issu de la nature, est très souvent qualifié de "monstre" ; et la liste est longue : Giant gila monster (lézard), Hydra le monstre des profondeurs (serpent de mer), Des monstres attaquent la ville (fourmis), Arac attack (des araignées ; sous titré : Le monstre à 8 pattes), La guerre des monstres et Le monstre vient de la mer (une pieuvre), Prophecy - Le monstre (un ours), Soudain les monstres (1976 - des rats, des guêpes et un... poulet !), Les monstres de l'Enfer (des guêpes) voir des créatures préhistoriques (Le mystère de l'ile aux monstres, Le monstre des temps perdu). - Le monstre peut être vu en tant que chose qui ne possède pas de nom, que l'on ne saurait nommer puisque ne ressemblant à rien de connu (voir PHOTO) : Le monstre des oubliettes, Le monstre du lac noir, Le monstre du marais, Les monstres de l'espace, Jack Brook the monster slayer, Rawhead Rex le monstre de la lande. Ce peut donc forcément être également un alien, comme dans Monsters, Le monstre (1955), Les monstres de l'espace et Caltiki - le monstre immortel. Signalons un cross over forcément sympathique : Frankenstein meet the spacemonster ! - L'homme peut se transformer en un monstre redoutablement efficace, de son propre chef où par le biais de causes variées ; mais le résultat est parfois déroutant, comme dans Les monstres de la mer (mi-homme, mi-poisson), Le monstre qui vient de l'espace (mi-homme, mi-blob) ou encore Le monstre est vivant (un bébé mutant). - En allant plus loin dans l'analyse, on se rend compte que les monstres peuvent tout simplement être des êtres différents de la norme : L'amour parmi les monstres (des soeurs siamoises) et Freaks, la monstrueuse parade en sont les plus vibrants exemples. Pour sa part Le créateur de monstres est emblématique : les monstres en question sont créés par un professeur fou... qui lui-même est une espèce de monstre sans aucun doute plus ignoble que ses propres créations ; même problématique que cele du fameux Monstre de Frankenstein. I, monster avec C. Lee est une variation sur le thème du Dr Jekyll et Mr Hyde, une acceptation du statut en quelques sortes du statut. - Le monstre peut également n'être qu'un simple humain, banal d'apparence mais dont la monstruosité est plus intériorisée, plus subtile : Le monstre, avec L. Chaney, nous présente un fou, comme je vous le disais. Les monstres et Les nouveaux monstres de D. Risi est une attaque acide de l'espèce humaine et de ses moeurs douteuses ; le réalisateur récidivera à nouveau avec Une poule, un train et quelques monstres (satire des déviances sexuelles de notre espèce). Dans la même catégorie Les monstresses nous présente des femmes franchement cruelles. Dans Monster le monstre en question n'est qu'une serial killer ; une variation moderne de Le monstre du train ou Lâchez les monstres où il s'agissait d'un serial killer. - Cette fois étudions le cas du monstre métaphorique, celui qui met en scène des personnage hors du commun : Les monstres du kung-fu dans leur disciplines ou Metalica : some kind of monster pour ce qui est du heavy metal ; The sex monster ou Le monstres avec Begnini mettent en scènes des monstres de sexe. Dans Party monster c'est un organisateur de fête renommé qui est qualifié ainsi. - Et puis il y a les gentils monstres, ceux destinés à nos petits monstres : notamment dans Monstres et Cie et sa future séquelle, dans Monstres contre Aliens, Max et les Maximonstres ou Un monstre à Paris... que des cartoons et films pour enfants ! Seul Monster house semble pour le moment échapper à cette règle ! Voilà : le voyage aux pays des monstres, simplement dans l'intitulé du film je le rappelle, prend fin. Les monstres au cinéma n'ont pas fini de nous faire fantasmer et rien que l'annonce d'un titre avec ce mot ne pourra m'empêcher de saliver sur le contenu du film en question. Un petit côté vendeur que les cinéastes ne sont pas prêt d'abandonner même si celui-ci, à notre époque moderne, tant à devenir un rien désuet, ringard, les enfants n'ayant plus peur de rien, c'est bien connu. Peut-être que le monstre de demain tend à s'humaniser sur la forme, devenir un monstre intérieur qui a l'avantage de faire peur non plus parce qu'il nous met face à l'inconnu, mais parce qu'il nous met en face de nous-même, être humain semblable à tout un chacun mais capable du pire ; un monstre sommeille sans doute en chacun d'entre nous... ne le réveillez pas ! |